Rencontres à Tottori

Comment ne pas faire un article sur ce voyage si fou ?!! Impossible !! Avec tous vos messages reçus un peu partout, il fallait bien que je vous raconte en détail  cette expérience si dingue ! J’en profite ici pour vous remercier, pour tous ces retours méga positifs qui ont contribué à la magie de ce voyage ! Ces occasions et ces échanges font un bien fou ! Parfois, on ne se rend pas bien compte, derrière les écrans, mais vos mots, vos réactions, et ces ondes positives c’est notre moteur ! Et quel plaisir d’être sur la même longueur d’onde !

Si vous nous suivez ici ou ailleurs, vous le savez maintenant,  le Japon : c’est carrément une histoire d’amour ! Quand j’ai eu cette proposition de projet avec la préfecture de Tottori pour venir visiter cette région et découvrir ces talents, c’était comme si ils avaient lu dans mes pensées !!! Je suis tellement dans mon élément là bas, la culture me fascine, la poésie ambiante où chaque détail compte, cette beauté simple et efficace, la philosophie de vie, jusqu’à la cuisine ! Je peux tout manger (ou presque ;) ! Alors si on ajoute à tout cela l’artisanat Japonnais et la découverte d’une nouvelle région ! C’est juste le rêve !

Pour vous situer un peu : La préfecture de Tottori se trouve sur l’ile principale du Japon : Honshu ; dans la région de Chugôku. Sa Capitale du même nom : Tottori est une ville assez urbaine, mais plutôt tranquille. A 2h30 en train de Osaka et 1h en avion de Tokyo ( je vous conseille vraiment la compagnie Aérienne Ana si vous passez par Tokyo). Sur place, la voiture reste le moyen de transport le plus adapté pour découvrir les principaux points touristiques : la jolie côte d’Uradome, le parc du Mont Daisen, le parc Utsubuki, le parc aux oiseaux de Yonago, mais aussi les fameuses dunes de sable de Tottori.  La prefecture de Tottori est aussi reconnue pour ses sources d’eaux chaudes volcaniques naturelles et pures appelées « Onsens ».  Réputées pour leurs bienfaits thérapeutiques, j’ai pu en faire l’expérience, et la qualité de l’eau est magique pour la peau et les cheveux.   En automne les habitants partent à la cueillette des poires, il parait qu’elles sont délicieuses.  Les gâteaux en forme de Lapin sont aussi une spécialité, ils représentent un mythe très populaire au Japon:  celui du Lapin Blanc ( par ici pour  la petite histoire).

Si certains ont pu suivre chaque jour mes stories sur instagram, vous retrouverez ici en détail, chaque portrait d’artisan, leur travail mais aussi des petites adresses food et shopping. J’espère réussir à bien vous retranscrire ici, avec mon amour inconditionnel pour le Japon et ma passion pour l’artisanat  !  Aujourd’hui, cet article me permet de revivre ces moments. Encore toute émue, je vous laisse découvrir la suite !

ENGOJI-KIN

L’atelier de Mr et Mme Yamashita, est l’une des plus belles visites de ce voyage. Perdus au milieu des champs de riz, ils vivent et travaillent ici, dans un grand espace tout en bois, avec des fenêtres comme des tableaux sur l’extérieur.

J’y serai restée toute la vie !

Je me suis laissée rêver à travailler là bas…  prendre le temps de regarder la matière tourner, apprécier le paysage, prendre le temps de réfléchir… Ce couple m’a séduite, leur manière de travailler ensemble, simplement, depuis 40 ans… Et cette sagesse que l’on pouvait lire sur leurs visages. J’ai adoré partager ce moment avec eux, prendre le thé, admirer chaque détail.  A 70 ans, ils sont toujours passionnés par leur métier et cherchent sans cesse à améliorer leur technique.

Ici, on travaille selon le mouvement Mingei, c’est un mouvement très important dans la région . Voici la définition qui définit si bien ce voyage et la manière dont travaillent la plupart des artisans de Tottori :

Créé en 1925 au Japon pour la revalorisation d’un artisanat issu d’une longue tradition, son style est lui aussi une réaction à l’urbanisme grandissant, prônant le réveil des traditions et la beauté dans les objets de tous les jours, fabriqués en céramique, en bois, en laque, en ferronnerie et en textile.Dans L’Idée du Mingei (1933), Sōetsu Yanagi définit ainsi le mouvement :

« Il doit être modeste mais non de pacotille, bon marché mais non fragile. La malhonnêteté, la perversité, le luxe, voilà ce que les objets Mingei doivent au plus haut point éviter : ce qui est naturel, sincère, sûr, simple, telles sont les caractéristiques du Mingei. »

Mr Yashita , nous a donc expliqué que c’était une vraie volonté de ne pas signer ses pièces. Il ne veut pas se mettre en avant pour pouvoir faire vivre l’objet, qu’il fasse partie du quotidien. (Je trouve ça beau, simple et honnête). Leur travail est donc facilement reconnaissable dans la région par leur style.

Mr Yashita a construit tout seul ce four sur étages dans son jardin, il ne le fait fonctionner que deux fois par an car, avec la chaleur, celui-ci se dilate, se déforme et se creuse. La cuisson n’est jamais la même mais c’est un procédé ancestral qu’il aime utiliser.

La terre est produite sur place, même si il pourrait se faire livrer directement, il préfère prendre le temps.

J’ai pu repartir avec deux petites tasses pour le thé (je les aime d’amour), car leur showroom est aussi sur place. Si on ne parle pas Japonais c’est assez compliqué pour les joindre et venir acheter de la céramique directement chez eux,  ils n’ont pas de site internet. Mais vous pourrez retrouver leur travail dans certains concept stores de la région, ils fournissent aussi plusieurs restaurants. (Toutes les adresses sont en bas de l’article.)

INSHU-NAKAI KILN

Cette visite m’a épatée, je ne pensais pas pouvoir assister à toutes les étapes et process de création de leurs pièces. Cette maison de céramique Nakai est réputée dans toute la région de Tottori mais aussi dans le monde entier. Son style particulier aux trois couleurs est très reconnaissable.

Les ateliers, le showroom, leurs bureaux et maison sont au même endroit, et quel endroit ! Ces toits en briques oranges, de grandes baies vitrées, un petit jardin zen, tout est beau, et donne envie de travailler dans un lieu comme celui-ci. Je crois que tout céramiste rêverait d’avoir leur installation.

Mr Sakamoto a le respect de la nature et du temps. L’argile provient des montagnes et le bois de la forêt de Tottori.

Il laisse son argile dans son jardin, sans la protéger pour que la pluie la nettoie naturellement. Rien que ce petit détail, je fonds ! (la nature fait bien le job).

Les étapes sont nombreuses avant d’arriver à faire les pains de terre, je ne pourrais pas tout vous détailler ici, mais j’ai pu voir toutes les étapes in situ, ce procédé s’étend sur 3 mois, beaucoup d’étapes se font à l’air libre et naturellement. Il y a encore des céramistes qui fabriquent leur argile eux même,  rien que pour cela, c’était une visite très interessante !

Vous l’aurez compris, tout est fait à la main, jusqu’à la teinte des pièces. La technique est maitrisée, le geste est précis et efficace.

Mr Sakamoto a repris l’entreprise de son père et depuis 30 ans, il  fabrique selon le mouvement Mingei des pièces du quotidien : assiettes, bols, plats etc.. Il a aussi son atelier et bureau de création personnel pour tester des nouvelles techniques et travailler sur des pièces plus artistiques et originales qu’il peut signer de son nom.

Bonne nouvelle, il est possible de venir acheter directement au showroom voici le lien :

NAKAI

GENZUI-KILN

Mr Shibahara a un grand atelier dans Tottori, 14 ans de métier et 7 ans qu’il a ouvert ici.  Il y donne des cours de céramique, travaille et vend ses créations dans un petit showroom à l’étage. Starbucks Japon a sélectionné son travail pour réaliser un mug qui représente Tottori. Cette collaboration est un vrai tremplin pour son entreprise. L’email bleu est la couleur emblématique de Tottori. Quant aux courbes, elle représentent les dunes de sable. On peut les trouver dans les deux Starbucks de la ville.

Il travaille sur les différents émaux et fait des calculs de chimie pour retrouver les mêmes teintes à chaque fournée. Sa collection est simple et fonctionnelle, je me suis aussi offert un petit souvenir chez lui, comme ça je prendrai mon petit déjeuner dans un bol au couleur de Tottori ;)

Voici le lien Genzui-kiln Tottori

KOKUZOU-KILN

Nous avons pu faire cette visite le dernier jour, car  je suis une grande fan de céramique. Et sans le savoir, juste avant, j’avais craqué pour une de leur création dans le concept store COCORO Store .

Très heureuse donc de découvrir leur atelier familial, et leurs differents styles. J’ai pu faire une visite rapide de leur grand atelier et showroom. Ils étaient en pleine production,  je n’ai pas osé les déranger. Chacun a son propre style, le père travaille sur des pièces plus artistiques et ses enfants sur des pièces au tour, bols et assiettes.

C’est vraiment le style de céramique japonaise que j’adore, simple et texturée, j’aurai pu remplir ma valise de leurs créations ;)

Voici le Kokuzou-kiln

SAON Glass. Music & Life

Coup de coeur pour la petite ville de Kurayoshi avec ces petits canaux qui passent sous les maisons, ces jolies boutiques d’artisans, et ce calme dans les rues sans touriste. Je vous conseille de passer par ici et de vous perdre dans ces petites rues.

Nous y avons découvert le plus joli des concept stores : Saon, installé dans une des maisons du village. Chaque pièce était décorée avec goût. Si nous ouvrions une boutique, j’aimerais qu’elle ressemble à celle-ci : de la lumière, des belles matières, une cuisine en bois et un petit espace extérieur plein de plantes  !

Mme Ooya a créé ce lieu pour vendre ses créations en verre et celles de ses amis, petit à petit elle est venue compléter sa sélection en mêlant des créateurs d’univers différents. Chaque détail à son importance jusqu’à la douce musique d’ambiance réalisée par son mari.

Son travail sur le verre est tout aussi beau et poétique avec des formes tout en finesse. Verre et vases sont faits pour sublimer les végétaux qu’ils accueillent. C’est ce que j’aime au Japon, leur façon de travailler le verre avec des formes contemporaines et justes.

Saon Concept Store

UKIROOSH

C’est dans une petite maison en bois que nous sommes venus rendre visite à ces deux créateurs d’objets en verre. Grace à la préfecture de Tottori, ils vivent ici avec leurs enfants et se sont installés un atelier à l’intérieur. Leurs travaux sont très précis et pointilleux mais totalement différents : lui travaille la découpe de verre pour créer des bijoux mais aussi des volumes complexes d’une précision hallucinante. Comme de véritables sculptures !

Mme Takenaka, travaille avec de la pâte de verre, elle fabrique  des moules texturés en forme de coupelles. Elle crée des motifs colorés à l’aide de pigments comme de la dentelle. Je n’avais jamais vu cette technique au paravant, ni ce type de travail. J’adore ce rendu du verre sur des suspensions comme dans leur entrée.

Voici le lien : L’Atelier Ukiroosh

KONOKA  urushi-lacque work

Nous  avons rencontré Mme Kaori dans son atelier dans la compagne de Tottori. La préfecture lui prête ce petit local en pleine nature pour qu’elle puisse y travailler au calme et stocker tout le bois dont elle a besoin. Elle utilise des essences qui proviennent uniquement de la région. Ces petits bols en bois d’érable sont si doux au toucher que j’ai craqué ! Chaque pièce est travaillée à la main, avec amour, c’est la raison pour laquelle Mme Kaori préfère ne pas vendre sur internet mais plutôt en direct ou dans des concept stores de la région pour tracer ses produits. Sur le concept du wabisabi, elle nous explique que les objets vieillissent, se déforment et que cela fait partie de leur histoire. Elle peut aussi à la demande du client les restaurer.

Une rencontre tout en simplicité, aux parfums boisés.

Voici le lien de sa page Facebook : Konoka

JINJIN Bambou Work

C’est la première visite que nous avons faite, Monsieur Saé tient une petite boutique/atelier à Tottori et expose aussi en Galerie. Son travail est si précis, 30 ans de pratique ! Il se fournit en bambou uniquement dans la forêt de Tottori. Cette technique consiste a couper le bambou en  fines lamelles, les tresser ensemble et réaliser des objets pour la maison. Un travail très minutieux, qui nécessite beaucoup de patiente et d’agilité pour réaliser des objets en volume mais aussi des ustensiles pour la cuisine comme des paniers à riz ( très utilisés au Japon ).

Page Facebook : JinJin

OGURA-Ya

Cette boutique de souvenir est l’une des plus anciennes, située dans un vieux village, réputé pour ses onsens traditionnels (sources naturelles ).  Si vous passez par là, je vous conseille de vous arrêter pour admirer les maisons et leurs façades tout en bois.

Pour cette visite je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, j’avais vu quelques photos de ces petits animaux peints, sans trop savoir ce qu’ils représentaient. Mais au Japon, ils ont beaucoup de sens, car ce sont les animaux du Zodiaque. Cette boutique/fabrique de souvenirs existe depuis 9 générations, et c’est cette petite mamie qui nous a accueillis avec sa fille. Elles fabriquent ensemble ces souvenirs porte chance. Son nom OGURA, était autre fois donné aux personnes sacrées pouvant travailler le bois. C’est une boutique de porte-bonheur, selon votre année, vous pouvez choisir votre animal qui vous protégera. J’étais aussi surprise de voir qu’elles collaborent avec l’enseigne Muji et réalisent selon les années des commandes spéciales.

Cette petite mamie réalise chaque geste avec précision pour donner vie à ces animaux de bois. Pour les peindre.Elle utilise des pigments naturels et une préparation a base de la coquille d’oeuf écrasé pour un blanc de blanc.

Quand elle était jeune Mme Ogura, a pu participer à un voyage offert par sa région pour quelle découvre l’Australie et une partie de l’Europe, son rêve était de voir Paris mais çela ne faisait pas partie du voyage… Elle a loué un taxi d’Amsterdam pour venir passer la journée à Paris et visiter l’Opéra Garnier. Son seul regret est de ne pas avoir eu assez de temps pour visiter le Louvre. C’était son rêve, j’ai trouvé ça tellement mignon.

Elle m’a offert un petit Lapin ( mon signe du zodiac Japonais ) Je le garde précieusement , c’est un beau souvenir de cette rencontre qui fut une belle découverte.

Page Facebook : Ogura-Ya

HASEGAWA – paper studio

Cette rencontre m’a transporté dans un univers inconnu, celui du papier. Le Washi plus précisément .  Appelé papier de riz mais qui est en fait fabriqué  à partir des fibres du kozo, une variété de murier. Dans ce village de Aoya il n’y a pas si longtemps la plupart des habitants confectionnaient ce papier selon des techniques ancestrales, il est situé sur des sources d’eaux pures qui facilitent sa confection. Malheureusement cette pratique se fait de plus en plus rare, beaucoup d’ateliers sont obligés de mettre la clé sous la porte.

Nous avons eu la chance de visiter l’atelier D’HASEGAWA et d’assister à chaque étapes de la création de ce papier artisanal. J’ai trouvé ça si beau !

La fabrication du papier commence à partir des écorces du kozo, qu’ils font pousser dans leur jardin ou commandent a leurs fournisseurs, la qualité du washi dépend de la qualité du kozo. Ils les font cuire pour obtenir les fibres,  les rincent une a une pour les débarrasser des impuretés et écorces. Elles sont ensuite battues ( avec douceur) et séparées pour  les assouplir.

La pulpe obtenue après le battage est mélangée avec de l’eau et de la gomme végétale  dit ‘neri’. Le neri est une substance végétale qui gonfle dans l’eau et devient visqueuse.

Le mélange eau, pulpe et neri est préparé dans une grande cuve en metal, l’artisan avec son tamis suspendu va aller chercher la pulpe grâce à des mouvements précis, il n’a pas droit a erreur. Les feuilles sont ainsi déposées et superposées sur une paillasse en bambou, pressées pour en extraire le surplus d’eau. La dernière étape est la plus délicate : elle consiste a séparer les feuilles de washi pour les faire secher une a une  sur une sorte de plaque/radiateur chauffant, c’est Mme Hasegawa qui s’occupe de cette étape si délicate.

Ce papier est reputé pour sa finesse et sa qualité et sa durabilité, quand un papier en France dure 100 ans le washi grâce a ses longues fibres peut tenir 1000 ans. Les exemples sont infinis avec cette matière et Mr Hasegawa ne cesse de tester des nouveaux procédés, d’ajouter des ingrédients et des couleurs pour proposer à ses clients le maximum de possibilités.

On retrouve ce papier un peu partout au Japon car sa finesse laisse passer la lumière. Il est souvent utilisé , sur les lampes, lanternes, paravents et cloisons.

J’ai été émerveillée par ces gestes si précis, cette répétition académique,  avec le seul bruit de l’eau et du papier, il y a ici de la poésie dans la fabrication de chaque chose et c’est magique !

 

DAI-INSHU paper co

Après la fabrication du washi, j’ai eu le droit à cette petite surprise : Une visite dans une fabrique de papier peint Japonais. Découvrir ces gros rouleaux de papier washi qui n’attendent plus qu’à être peints, regarder les employés realiser des dessins de végétaux et créer des effets de matières ! J’ai adoré ! 

Les techniques d’impressions sont pour la plupart, effectuées à la main ou au tampon. Plusieurs espaces dans les bureaux sont destinés aux recherches de couleurs et effets de matières. J’ai trouvé ça très intéressant ! Tous ces effets realisés juste à la main, le contrôle du geste pour pouvoir travailler en série ! Magnifique !

Cette entreprise a ses propres bureaux d’études et collabore aussi avec des designers étrangers pour des collections spéciales. Il y en a pour tous les goûts. Mr Matsuoka, le responsable de cette fabrique, nous a fait visiter le showroom, il nous a expliqué chaque procédé pour chaque papier peint. Il y en a des froissés, des brossés, avec des inclusions de végétaux etc..

 Kuniko Yamaguchi

Rendez-vous dans la jolie maison de Mme Yamaguchi pour boire le thé. La pièce principale était baignée de lumière, c’était un moment si agréable  J’ai pu y décrouvir ses techniques et  les différentes étapes pour réaliser des motifs et l’impression de couleurs sur textiles. Elle travaille avec des teintures et produits naturels. Mme Yamaguchi a déjà fait plusieurs expositions à Paris.

 J’ai trouvé ses motifs très originaux et certains très contemporains. Un travail et une personne très inspirante et pleine d’énergie !!

AMAMI-YA

Une pâtisserie traditionnelle, ma première ! Car oui, en 7 fois au Japon je n’ai jamais osé pousser la porte d’une vraie pâtisserie Japonaise. Je ne sais pas trop pourquoi finalement. Mais je suis contente de cette première fois ici, à Tottori. Juste avant de venir,  j’avais dévoré le livre « Les délices de Tokyo ». J’ai eu l’impression d’y être quand j’ai visité leur labo ; la pâte de haricot était en train de mijoter, il y avait cette vapeur et des odeurs sucrées qui flottaient dans la cuisine…  J’ai parlé de ce Livre à Mr Ishiba et il m’a fait gouter tous ses desserts à la pâte de haricot, j’étais tellement heureuse ! Il avait aussi préparé 16 petits gâteaux, appelés Wagashi, qui représentaient toutes les saisons. Des petites merveilles aux formes de fleurs et de végétaux. Aux couleurs et textures qui font sourire les yeux.

Mr Ishiba propose des gâteaux en fonction des saisons. Ce jour là, on célébrait au Japon la fête des filles. Les clients faisaient la queue pour acheter des pâtisseries roses pour les offrir. Comme cette carpe rose qui était une commande speciale. Mr Ishiba nous a raconté sa manière de travailler en famille, son parcours, et son très long apprentissage. Quand Ai lui a dit que j’étais une grande fan de Matcha, j’ai eu le droit à une petite cérémonie du thé improvisée. Bonheur !

C’était un petit paradis de sucre et de poésie qui m’a enchantée. Je remercie encore ces personnes pour leur accueil et pour avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions.

TOUJOURS

« Toujours » est une boulangerie / pâtisserie d’inspiration Française en pleine campagne de Tottori. Très réputée dans la région pour ses gâteaux et pains cuits au feu de bois. Derrière Toujours il y a Mr et Mme Inagi, un coupe de Japonais passionnés par leur métier,  ils ont étudié la cuisine Française au Japon. Ils n’ont visité la France que 2 fois dans leur vie, mais n’ont rien a envier à de nombreuses pâtisseries Françaises. Ils ont créé ce joli lieu d’une façon bien particulière et très juste.

 Tout est pensé et fait avec amour dans les moindre détails : la qualité des ingrédients, le type de cuisson, l’univers, les saveurs.  Des personnes passionnées qui aiment faire les choses jusqu’au bout et qui se challengent sans cesse pour donner le meilleur d’elles même, pour produire le meilleur pain, les meilleures pâtisseries.

Mr Inagui nous a expliqué qu’il avait choisi ce nom, parce qu’il voulait quelle que chose qui dure dans le temps, une pause dans un monde ou tout file trop vite, ou tout s’efface, ou l’on passe trop vite a autre chose. Son histoire est belle, elle parle d’amour et d’honnêté. La balance sur leur logo représente l’équilibre et la justesse.  Ses mots m’ont beaucoup touchée, quelle belle personne !

A leurs débuts ils commandaient des farines en France pour leurs préparations,  c’est vite devenu compliqué…  Mr Inagi a donc décidé de travailler avec des produits de sa région et d’adapter ces recettes. Ne trouvant pas de rhubarbe ni de noisettes il a décidé d’en faire pousser dans le petit jardin devant sa boutique. Même la tisane que l’on peut boire sur place est une production locale.

J’ai été vraiment surprise de trouver du gateau à la broche ( spécialité des Pyrénées ) et délicieux en plus de ça !  Ici tout est cuit au feu de bois. Il a construit lui même son four et a fait venir une broche de France, c’est en regardant des vidéos sur Youtube qu’il a pu faire faire tout le mécanisme autour. Il recycle les cendres, cultive certains de ses ingrédients, utilise que des produits bio et travaille en fonction des saisons. Il nous a confié ne pas beaucoup dormir mais aimer son métier plus que tout !  Trouver de nouvelles idées, de nouvelles recettes avec des produits locaux l’anime en permanence .

Leurs gâteaux sont fins et délicieux, moins chargés en sucre qu’en France, on a une impression de légèreté en bouche !

Une adresse surprenante au Japon ! Bravo pour ce beau projet !

– Les dunes de Tottori –

Un des lieux touristiques de la prefecture de Tottori, un peu comme notre dune du Pila. Les dunes  s’étendent  à perte de vue et une fois au sommet le sable danse avec le vent !

Ces dunes sont en réalité faites de cendres volcaniques issues de 4 grandes éruptions il y’a  environ 100 000 ans et de sédiments transportés par le fleuve Sendai depuis les montagnes. On peut aussi y monter à dos de chameaux.

La côte d’Uradome, 15km de route qui longe un paysage de roche  avec vue sur la mer du japon. . C’est l’un des principaux sites géologiques du San-in Kaigan Geopark, une des plus belles vues et ballade a faire en voiture.

Nadabata kitchen

Iwami-gun petit village de pecheurs, ou les toits de briques colorés brillent au soleil. Nous avons fait une halte pour déjeuner dans un restaurant tenu par les femmes des pecheurs : Nadabata Kitchen. Je vous conseille cette adresse pour la qualité et la fraicheur du poisson, selon les saisons la selection change.  Le tout pour un prix défiant toute concurrence. Pour être sur d’avoir une place allez y tôt, le service se termine à 14h.

Shoji Ueda museum of photography

Shoji Ueda Très célèbre photographe Japonais originaire de Tottori, son travail sur les paysages de Dunes de Tottori est connu dans tout le Japon. Ce musée à l’architecture très compteporaine, lui rend hommage avec une retrospective sur son travail photographique .

Le Musée de Tottori Mingei

Ce tout petit musée dans la ville de Tottori explique comment le mouvement Mingei est arrivé à Tottori, et rend hommage a un de ses maitres, mais aussi aux artisans avec des exemples d’oeuvres. Mr Ooé de la prefe Il y’a aussi une boutique et un restaurant ou j’ai pu y diner  ( les adresses sont en bas de l’article )

Ebako Gohan café –

Nous y avons déjeuné le premier jour et j’ai adoré ce lieu. Un couple de retraités enseignants a ouvert ce café tout en bois et propose une cuisine simple et délicieuse. Avec ses grandes baies vitrées, on peut apprécier la vue sur un jardin Japonais. Je ne peux que vous conseiller cette adresse .

Takumi Kappou 

Restaurant réputé de Tottori , une des spécialités : la fameuse fondue shabu shabu que l’on peut se faire servir dans des salons privés à l’ étage. C’est très traditionnel, on mange sur des tatamis et les serveuses sont habillées en kimono. Pour me faire plaisir mes accompagnateurs on commandé presque toute la carte du restaurant. C’était copieux et délicieux !!! Et les différents mets étaient servis dans des plats et assiettes fabriqués par les artisans de la région.

Seisui-an

Restaurant traditionnel dans le joli village de  réputé pour cette spécialité fondue speciale à base de pâte de riz. Les prix sont vraiment bon marché dans ces petits villages par rapport aux grandes villes.

KOZENIYA – Ryokan Tottori

Ce ryokan ( auberge traditionnelle ) est l’un des meilleurs de Tottori. Situé en plein centre ville, une fois à l’intérieur, on oublie complétement la ville et le béton.

J’adore ce type de logement depuis notre voyage à Kyoto. C’est tellement typique et agréable.

Ma chambre n’avait pas de salle de bain, ce qui est souvent le cas dans certains ryokans. Car les onsens ( bains de sources naturels ) sont très appréciés des Japonais. Vous pouvez choisir les onsens partagés,  homme ou femme mais si vous avez des tatouages comme moi faites attention, ce n’est pas souvent accépté. J’ai donc utilisé les onsens privés, et j’étais très contente de prendre mon bain et ma douche toute seule ;).

Le matin attention, c’est petit déjeuner Japonais ! Et moi, c’est mon repas préféré ! Une multitude de petits plats avec des mets différents, et cela change chaque matin. C’est comme un vrai repas ! Personnellement, je mange tout.

KAIKE Hotel Yanago

J’ai aussi passé la dernière nuit dans ce grand hôtel face à l’océan qui était plutôt cool, dans un style plus moderne et avec vue sur une mer déchaînée.

Pour les repas du soir les supermarché Daiso on tellement de choix en Take away, que je me suis fait des diner de Reine ;)

Tottori Takumi crafts shop

C’est le Tottori Mingei store( collé au musée et au restaurant), on y trouve toute sorte d’objets réalisés par des artisans, pas mal de céramique et d’accessoires.

Gallery Sora crafts shop

Dans la ville de Tottori, boutique de créateurs de la région et aussi lieu d’exposition, parfait pour trouver un petit souvenir made in Tottori.

Cocoro store

Concept store  dans le petit village de Kurayoshi tenu par Mr.Tanaka Nobuhiro avec une sélection  pointue de pièces issues de l’ artisanat local. J’ai pu y trouver de la céramique, mais surtout des couteaux Japonais magnifiques ! Guillaume en voulait un depuis longtemps, j’en ai choisi un avec un manche en bois de cerisier. C’est le plus beau souvenir que j’ai pu trouvé au Japon.

J’aurais tellement aimé  que Guillaume m’accompagne, qu’on découvre tout cela ensemble et que l’on puisse vous ramener une video de tous ces échanges. Heureusement, ce voyage n’est que le début d’un SUPER joli projet que l’on prépare ensemble avec la préfecture de Tottori, les artisans et Ai.  Vous l’avez vue surement passer dans mes stories sur Instagram et c’est une chouette personne ! Ai est Japonaise et passionnée, elle vit à Paris, et s’occupe des relations entre ces deux pays. Sans elle, rien n’aurait été pareil, elle m’a accompagnée et aidée pour la traduction lors de ces rencontres.  Elle était autant émerveillée que moi par la gentillesse des personnes qui ont croisé notre route. C’était très agréable de partager ces moments ensemble. Je remercie aussi Mr Oé de La Prefecture de Tottori , notre guide, qui a organisé toutes ces visites avec les artisans. Merci pour sa patience, car même si le planning était très chargé, j’ai pu, pour une fois, prendre le temps de poser toutes mes questions, et c’était génial !

 J’espère n’avoir rien oublié, ces 5 jours étaient tellement intenses en découvertes et en émotions ! Je n’ai jamais fait autant de choses passionnantes en une journée ! Je n’en reviens toujours pas. Quelle chance ! Merci de m’avoir fait confiance. J’avais des coeurs dans les yeux à chaque rencontre ! Une vraie leçon sur la vie et le travail, qui m’a chamboulée. Le respect, l’harmonie, la paix… Pourquoi ai-je du mal à retrouver cela en France ? J’ai découvert ici des gens talentueux et pourtant si humbles. Je pense qu’on a encore beaucoup de choses à apprendre en France.

Ce voyage fait partie de mes plus beaux souvenirs, il est là, bien au chaud dans mon coeur pour toute la vie!

  J’ai versé ma petite larme quand j’ai dit au revoir à « ma team Tottori ». Je n’ai qu’une envie :  y retourner, mais aussi travailler sur ce projet pour que l’on puisse faire venir un peu de Tottori à Paris. On vous tiendra au courant pour la suite de cette folle aventure !

Très belle fin de semaine

Merci Merci Merci

à vite !

Lisalou
Crédits photos : Mamie Boude
2 mai 2018

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17 Comments

  1. Répondre

    Alice

    26 avril 2018

    Wahouuuuu quel superbe article…(et évidemment, j’ai juste envie de sauter dans un avion maintenant pour y retourner !)
    Hâte de découvrir votre projet :)

  2. Répondre

    Samsha

    26 avril 2018

    Quel beau projet! C’est super. Tous les créateurs dont tu nous parles sont si doués, c’est impressionnant. Aller au Japon est un de mes rêves. J’espère pouvoir bientôt le concrétiser (en tout cas ton article me donne encore plus envie d’y aller).

  3. Répondre

    Laurence

    27 avril 2018

    Après les stories, un grand bravo pour cet article époustouflant !!! Quel superbe travail mettant en avant ces magnifiques artisans !!
    Habitant actuellement à Tokyo, grâce à toi, j’ai ajouté la région de Tottori à la longue liste des endroits que je voudrais visiter au Japon.
    Tu avais sollicité quelques conseils de littérature japonaise sur Instagram. Si tu peux partager ton avis sur ces romans avec nous , ce serait vraiment chouette :-)

    Merci pour tout !!
    Laurence

  4. Répondre

    Catherine

    27 avril 2018

    Bonjour,
    Merci pour ce très bel article. Le Japon me fait rêver aussi. J’ai prendre un congé sabbatique avec ma famille un jour pour bien le visiter quand mes enfants seront assez grands pour pouvoir apprécier.
    Dis-moi, pourrais-tu partager des pistes de lecture et autres sur le Japon, sa philosophie, ses paysages etc? Je ne trouve pas grand chose dans mes recherches pour l’instant. Merci.

  5. Répondre

    Célia

    27 avril 2018

    J’avoue que je n’ai pas eu l’occasion de voir toutes tes stories sur Instagram, donc j’attendais impatiemment l’article ! Et me voici comblée !
    Il est super complet, merci beaucoup !
    Les photos sont parfaites et avec tes textes on s’y croirait !
    L’artisanat c’est juste magique ! Je pense qu’il doit y avoir en France de tels artisans… Mais ils doivent être bien cachés ;)
    Encore un grand merci !

  6. Répondre

    byjö

    28 avril 2018

    Wahou, le plaisir de revoir tes photos, tes découvertes, ces artisans… Un voyage mingei à l’image de ton blog ! Simple, naturel, sincère, bref savoir ne pas en faire des tonnes et partager ton bonheur ! J’ai adoré suivre ton séjour qui m’a donné envie de retourner au Japon en découvrant sa part plus traditionnelle !

  7. Répondre

    Emeline

    30 avril 2018

    Quel merveilleux article ! Merci beaucoup de nous avoir fait voyager avec toi !

  8. Répondre

    Lydia

    1 mai 2018

    Une jolie découverte encore une fois !
    Merci pour ce superbe voyage

  9. Répondre

    Soizic

    1 mai 2018

    Quel article !!!! Il m’a transporté, du début à la fin… Je trouve que les japonais ont un don pour garder et perpétuer leurs savoir-faire. Ils en ont tant et tant ! Tu m’a fait découvrir le mouvement Mingei auquel j’adhère à 100% (sans même le savoir). Tous ces créateurs font de leurs objets une poésie. Bravo à eux, bravo à toi d’avoir su capter cela au plus juste. Les adresses donnent tellement envie de s’y rendre…
    Merci de partager ce si beau voyage et ces si belles rencontres.

  10. Répondre

    Ophelie

    1 mai 2018

    Cet article est splendide, si riche en rencontres et en découvertes. Autant dire que ton voyage la bas, donne une envie incroyable de s’y envoler et de les rencontrer à notre tour. Merci pour ce partage et tout le travail qu’il y a derrière un si bel article.

    Ophelie

  11. Répondre

    Lidvine

    2 mai 2018

    Quel travail pour rédiger un tel article! Bravo! Tout est parfait. Les photographies sont d’une grande qualité et prolongent le voyage. Le Japon un pays que nous rêvons de découvrir.

  12. Répondre

    Audrey D.

    3 juin 2018

    Un bonheur cet article, remplie de belles choses, de sensibilité et d’authenticité.
    J’avais assidument suivie tes stories instagram lors de ton voyage, je ne suis pas en reste avec ton article, tous ces artisans sont si touchants.
    En tout cas ça donne terriblement envie d’aller là bas, mais aussi (pour ma part) de prêté une attention particulière aussi à ceux qui sont autours de chez nous, vivant leur art dans une magnifique simplicité. Merci !

  13. Répondre

    virginie

    15 août 2018

    Bonjour, je retourne au Japon début d’année prochaine. Et vous m’avez donné envie d’aller à Totorri. Je voulais savoir si il était possible de visiter ces fabriques (céramiques, papiers, bois…) merci d’avance.

  14. Répondre

    Aurore

    14 mai 2019

    Très bel article et on reconnaît bien la maîtrise à son paraoxysme de techniques ancestrales, comme on aime au Japon. Prendre le soin et le temps de réaliser de jolies choses pour le plaisir de créer un objet qui reste.

  15. Répondre

    pralinek

    2 septembre 2022

    De beaux endroits, tant de choses à découvrir au Japon.

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